MARIÉ ET COMPAGNIE / ACATENE METROPOLE / ACATENE VELLEDA
Saint-Etienne, Paris
Les marques Acatène Metropole et Acatène Velleda ont été crée en 1895 par la société de E. Marié, puis Marié et Compagnie, maison de vélocipédie à gros tubes.
La lettre « A » du mot Acatène sert de préfixe privatif à la « catena », la chaîne.
Toutes font la promotion d’acatène, de vélo sans chaînes, c’est-à-dire de transmission à entrainement par pignons coniques, abusivement appelé cardan mais qui n’en a rien à voir.
Les vélos acatène sont beaux, ont des lignes épurées et les vélos Metropole sont parmi les plus joliment dessinés.
La marque fut engagée en course, en témoigne le coureur Gaston Rivière qui gagna Bordeaux-Paris à trois reprises de 1896 à 1898 sur un acatène Métropole.
Pour tisser des correspondances contemporaines, signalons que les vélos Arcade produisent encore aujourd’hui toute une gamme de gamme de vélo à cardans. L’avantage résidant en l’absence de chaîne, donc de saut de chaîne, de graisse, et de déraillement. L’inconvénient dans le poids du système et l’absence de roue libre. Aujourd’hui encore, les vélos bordelais en libre-service VCub, utilisent une transmission par cardan.
L’iconographie publicitaire de l’acatène Métropole mérite quelques commentaires.
En effet, l’affiche la plus connue de la marque représente la prêtresse germanique Velleda à qui la mythologie prête un rôle important contre l’envahisseur romain, idée renforcée par la représentation à ses côtés d’un oiseau de proie brisant ses chaînes, de vélo !
Par analogie, et au sens propre, une bicyclette sans chaîne est une vraie déclaration de liberté !
Une autre publicité ci-dessous en noir et blanc de l’acatène Métropole est assez extraordinaire. Tout d’abord, c’est écrit, Métropole a créé l’acatène, ce qui reste à vérifier. Ensuite, le slogan publicitaire « l’acatène en douze mois tuera la chaîne, comme les gros tubes en douze mois ont tué les petits », fait sourire aujourd’hui, tant la comparaison de petits ou de gros tubes, et d’une acatène « tuant » la chaîne, n’a pas historiquement rencontré le succès escompté !
Le clou de cette communication très baroque tient dans le catalogue de 1897 reproduit ci-dessous, où les publicitaires de l’époque se déchaînent, tant par le graphisme moyenâgeux de l’illustration, que par la teneur totalement débridée des propos.
Le catalogue est enluminé de chevaliers valeureux et de princesses, d’armoiries, de fleurs de lys, de ménestrels et de reines couronnées, et de chevaliers à l’épée, et même des vues de Venise, ville cycliste par excellence !
Tout d’abord, une sorte de livre d’or intitulé l’Armorial du monde ouvre ce catalogue des vélos Métropole achetés par toute une palanquée de barons, comtes et comtesses, ducs et princesses, avec ce slogan ahurissant, « la valeur d’une marque est toujours en rapport avec la situation des sportmen qui l’adoptent » !
Ensuite, à des formules en latin de cuisine totalement délirantes se mêlent la « Légende du mouvement Acatène », autour de modèles acatènes « berceuses, royales ou militaires », le tout émaillé de slogans déclamatoires du genre :
« La chaîne a tué assez de cyclistes pour qu’elle meure à son tour, rappelez-vous qu’en montant une Acatène, vous contractez une véritable assurance sur la vie ».
« Toutes les chaînes se raidissent, s’allongent ou se brisent, réfléchissez-y froidement et choisissez ensuite ».
« Un grand économiste a dit, si la contrefaçon n’existait pas, il faudrait l’inventer car c’est la consécration du succès. Or on copiera l’acatène comme on a copié les gros tubes Métropole ».
« Lorsque qu’une marque a fourni de telle preuve de supériorité elle est au-dessus de toute critique ».
L’acatène a brisé ses chaînes.
www.oldbike.eu