VELOCIO / LA GAULOISE
Saint-Etienne
Si la marque La Gauloise a été créée en 1882, il faut s’arrêter sur la personnalité de son créateur, Paul de Vivie (1853-1930), dit Velocio, tant il incarne la figure emblématique du cyclotourisme français.
Vélocio est son pseudonyme littéraire. Ce pseudonyme évoque le vélo et la vitesse, il peut se traduire par « Celui qui va vite à vélo ».
Velocio avait une boutique de cycles où il montait des vélos à partir de cadre provenant de différents fabricants, et vendait ses machines sous le nom de La Gauloise, nom qui lui ressemblait bien, affublé de ses belles bacchantes.
« C’est en 1881 qu’il enfourcha sa première bicyclette, un grand bi, afin de fuir la grande ville. Il devint secrétaire du Club des cyclistes stéphanois et organisa la première course de la région en 1882.
Son commerce de soierie l’amena souvent en Angleterre dont il put apprécier la haute qualité de l’industrie du cycle. Prévoyant l’avenir de cette activité en France, il fonda en 1882 la manufacture Stéphanoise de Cycles « La Gauloise » et en 1886 « l’Agence Générale Vélocipédique ». Il créa également en 1887 la revue Le Cycliste forézien qui devint Le Cycliste en 1888.
En 1889, Vélocio milita pour la création d’un Touring Club de France, sur le modèle du Cyclists Touring Club anglais. Malgré des accusations de clubs y voyant une concurrence, le CTF compta plus de 500 membres en 1890.
Amateur de grandes randonnées, il fut à l’origine des « Diagonales de France ».
C’était un passionné de la « petite reine » en tant que loisir. C’est lui qui a inventé le nom de “cyclotourisme“. Il a eu une inlassable activité pour promouvoir cette pratique qu’il aimait passionnément par des articles dans la revue « Le cycliste » qu’il avait créée. Cette revue lui a survécu et elle était devenue la plus ancienne publication sportive française avant de disparaître à son tour en 1973.
Industriel, fondateur de manufactures de cycles, c’est lui qui a inventé ou amélioré le cadre sans raccords, le pédalier, les moyeux détachables, l’ajustabilité de la roue dentée du pédalierà toutes les lignes de chaînes, le cadre équiangle et, surtout, le dérailleur.
En ce qui concerne le dérailleur, Paul de Vivie était désireux que la bicyclette soit le plus commode possible pour les cyclotouristes. Il mettra au banc d’essai de multiples machines à changements de vitesse (avec bi chaîne, chaîne flottante…). Il s’intéressera à toutes les expériences faites en ce domaine et se battra pour la « polymultiplication » ou « changements de vitesse ». Ses amis avaient baptisé le résultat de ses recherches « le tas de ferraille ».
Il fut précurseur en diététique en démontrant à son époque que l’on pouvait rouler longtemps (il faisait des étapes de 40 heures), en suivant quelques règles élémentaires de pratique et d’hygiène. Ses « sept commandements » sont restés en mémoire et demeurent encore aujourd’hui des préceptes à suivre pour rouler bien et longtemps.
Les 7 commandements de Vélocio :
Haltes rares et courtes, afin de ne pas laisser tomber la pression.
Repas légers et fréquents : manger avant d’avoir faim, boire avant d’avoir soif.
Ne jamais aller jusqu’à la fatigue anormale qui se traduit par le manque d’appétit et de sommeil.
Se couvrir avant d’avoir froid, se découvrir avant d’avoir chaud et ne pas craindre d’exposer l’épiderme au soleil, à l’air, à l’eau.
Rayer de l’alimentation, au moins en cours de route, le vin, la viande et le tabac.
Ne jamais forcer, rester en dedans de ses moyens, surtout pendant les premières heures où l’on est tenté de se dépenser trop parce qu’on se sent plein de force.
Ne jamais pédaler par amour-propre ». Cet article est tiré de la notice Wikipedia le concernant.
Création d’une manufacture de cycles, création de la première revue cycliste, créateur des diagonales, initiateur des premiers systèmes de dérailleurs, réflexion sur la diététique, et surtout cyclotouriste passionné, l’apport de Velocio à l’univers de la bicyclette est considérable tant son approche est globale.
D’abord dans la pratique du vélo, désintéressée et généreuse, inventeur littéralement du cyclotourisme, « On comprendra de nouveau combien l’on jouit davantage d’une beauté naturelle conquise de haute lutte, à la sueur du front et à l’effort des muscles, que si l’on s’en approche en croquant des pralines sur des coussins d’auto » aimait à dire Velocio.
Ensuite dans la technique du vélo, prometteur de changement de vitesse en forçant Henri Desgrange à l’adopter, en modifiant le dérailleur anglais, utilisé bientôt par le Chemineau, puis par les deux grands industriels du secteur, Simplex et Duret, leader mondiaux.
Enfin, d’un point de vue critique, sa revue Le Cycliste est une mine d’informations, bible de l’évolution de techniques et des pratiques.
Sur l’alimentation des sportifs enfin, Velocio est l’inventeur de la diététique sportive, véritable hygiène de vie plus largement.
D’un point de vue moral et politique, Velocio était animé par une fougue visant grâce à la bicyclette à améliorer doublement les conditions de vie des classes laborieuses, d’abord en donnant du travail aux ouvriers en diversifiant l’activité de fabrication d’armes, et en leur donnant un moyen de locomotion ultra économique.
L’héritage de Velocio est immense, c’est un héritage non compétitif, tout simplement humain.
Plusieurs de ses vélos dont des bi-chaînes sont exposés aux Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne.
En hommage à Velocio, la marque RPF lui a dédiée une randonneuse à son nom.
A noter que le Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne a édité une formidable biographie de Velocio rédigée par Raymond Henry.