BIBOUD / LIBERIA / CYCLES LIBERIA / CYCLES VERCORS / CYCLES EDELVEIS
Grenoble
La marque naît vers 1924, créée par Antoine Biboud, gymnaste, serrurier, capitaine des pompiers et champion de tir au fusil Lebel ! Son nom évoque la liberté retrouvée de la fin de la Première Guerre mondiale.
À partir de 1929, Libéria construit des motos, des cyclomoteurs et des vélomoteurs.
En 1956, la société crée sa propre équipe de cyclistes professionnels qui remporte à deux reprises le Critérium du Dauphiné.
De 1987 à 1990, Liberia est associée avec RMO avec une équipe de cadors, Charly Mottet, Eric Caritoux et Thierry Claveyrolat.
50 personnes produisaient 35000 vélos par an, même si la notoriété de l’entreprise provenait de ses motocyclettes et cyclomoteurs, deux-roues motorisés, fabriqués de 1928 à 1986.
Au début des années 80, Libéria fut la première entreprise française à fabriquer des VTT, qu’elle exportait même aux États-Unis.
Liberia, c’est surtout une marque à la pointe de l’innovation. En 1970 par exemple, est mise en service dans son usine la première chaîne de peinture française robotisée entièrement automatique.
Libéria fut enfin le précurseur du vélo électrique avec batterie intégrée dans le cadre.
L’entreprise ferme définitivement en 1996. Liberia fut considéré comme la « grande marque des Alpes Française ».
On trouve sur le site www.lepostillon.org/Quand-on-fabriquait-des-velos, le témoignage d’un ouvrier des usines Liberia :
« Au montage, on était une vingtaine. D’autres faisaient les roues, les chambres à air, la soudure… Les femmes faisaient les roues, le tricotage. Elles mettaient les rayons dans les moyeux. Et la décoration, les autocollants. Il y avait une nonne qui travaillait là, on l’appelait « ma soeur ». Tous les soirs elle rentrait au couvent. Il y avait plein de retraités de l’armée et de la police aussi, qui bossaient là-bas. Ils rentraient chefs, direct.
Les premiers mois, je déplaçais les cadres de vélos. Après, j’ai enfilé les alésoirs. La formation se faisait petit à petit. Des cadres, j’en ai déchargé ! J’avais la colonne vertébrale comme ça !
Au rez-de-chaussée, on faisait les roues, l’assemblage, les finitions, tout ce qui était mécanique. Au premier, il y avait la soudure, l’émaillage, la peinture. Au début il y avait un paquet de soudeurs. J’étais au rez-de-chaussée et je faisais un peu de tout, j’allais un peu de partout. À force de naviguer, j’avais pris l’habitude.
C’était Gérard Biboud qui dessinait les vélos. Il était bon, lui. C’était le patron, mais c’était un ouvrier aussi. Il a longtemps dirigé l’atelier en bas, après il est monté.
Il y avait pas de syndicat. Il y avait juste le patron qui te mettait les oreilles dans le sens du vent. Dans les années 80, on a fait des VTT pour Décathlon, au début, les premiers VTT. Deux ans. Ils étaient bleus et blancs, tous pareils. Après ils ont baissé les prix et on a arrêté.
Il y a eu de moins en moins de gens. Les départs se sont faits en trois vagues. Il y a eu de moins en moins de soudeurs. Des fois on a fait venir des cadres de Taïwan. Pourquoi ça s’est arrêté ? Il y avait trop de chefs. Il y avait mon chef, il y avait André… Il y avait au moins six chefs… À la fin, j’avais un chef pour moi tout seul. T’étais encadré, tu pouvais pas te perdre dans l’établissement. »
Par delà cet article passionnant écrit par un ouvrier “de la base”, il faut se souvenir de cette très belle marque alpine, novatrice, polyvalente, et emblématique de l’histoire de la construction des vélos en France.
www.velovilles.com/en