BARRA
Saint-Ouen
Attention chefs-d’œuvres !
D’origine italienne, Nicolas Barra, est considéré comme l’un grand artisan du cycle, génial constructeur de cycles et de tandems d’avant et après la Seconde Guerre mondiale, à l’égal d’un Alex Singer, René Herse ou Jo Routens.
Ses vélos acquirent rapidement une grande réputation dans le milieu cycliste grâce aux concours de machines.
Dans ces concours techniques, les artisans rivalisaient de savoir-faire, à la recherche d’un poids minimal, en faisant progresser le vélo sous ses aspects de légèreté, rendement, fiabilité. Les vélos étaient ensuite testés en course, et Barra remporta nombre de ces épreuves.
Il diversifia ensuite sa production vers les tandems en pleine période du Front populaire et des congés payés, et des vélos de course extrêmement légers pour l’époque, pas plus de 7 kilos !
Nicolas Barra créa en 1945 la marque Barralumin, Société des alliages d’aluminium appliqué. Ce sont ces vélos en Barralumin avec des tubes de cadre ovalisés qui seront les plus caractéristiques de sa production.
Avant lui, les cadres en alliage léger existaient déjà, mais le montage des tubes s’effectuait par des manchons octogonaux.
Dans “Le Cycliste” de septembre-octobre 1969, Nicolas Barra revient sur son expérience, dans un article intitulé « La soudure des cadres en alliage léger » :
“Si je devais tirer une philosophie de mon expérience, que j’ai sans doute été le seul à poursuivre aussi intensément, je dirais que la fabrication des cadres en alliage léger, soudés à l’autogène, nécessite des soins minutieux que ne demande pas l’acier. J’ai suivi, en cela, les directives de gens qualifiés et spécialisés, tant aux “Tréfileries du Havre” qu’à l'”Aluminium français”, qui ont fait subir à mes cadres des épreuves particulièrement dures. De cette façon j’ai pu aisément surmonter les problèmes qui se sont posés à moi dès le début.C’est ainsi, par exemple, que j’ai pu établir moi-même, un outillage et un montage donnant toute liberté à la dilatation et au rétreint de toutes les soudures (point essentiel de toute cette fabrication) et ceci, tout en conservant les mesures demandées par le client, ce qui était primordial.
Tous ceux qui ont pu me voir travailler dans mon atelier de Saint-Ouen, se rappelleront sans doute cette méthode de travail adoptée pour traiter le métal employé, ce qu’aucun des constructeurs qui ont essayé d’en fabriquer n’a observé, étant trop habitués à la routine des opérations adoptées pour l’acier. Mais rien n’empêche que si, demain, un autre mode d’assemblage donnait toute satisfaction de résistance et évitant une importante main-d’œuvre – comme c’était le cas en ce qui me concerne – faisait son apparition, il y aurait sûrement un très intéressant avenir pour celui qui n’hésiterait pas à entreprendre une telle fabrication”.
Nicolas Barra construisit ainsi plus de 5000 cadres en alliage d’aluminium-magnésium, des vélos, des tandems et même des triplettes.
Ses vélos ne portaient pas de plaques mais étaient numérotés sur la potence de direction avec le numéro du vélo.
Malheureusement, l’avènement du cyclomoteur, puis de l’automobile dans les années 1950 le conduisit à fermer boutique.
Retenons de ce constructeur légendaire l’inventivité et la légèreté incroyable de ses bicyclettes, aujourd’hui très prisées des collectionneurs.
Barra, les vélos sans plaques.
Quelle merveille ces deux vélos ci-dessous, avec ce tube triangulaire pour renforcer l’ensemble, sorte de compromis entre cadre homme et cadre mixte, et ce tandem Barra de 1952 de 18 kg !
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