CHICHERY ALBERT / CYCLES DILECTA / DILECTA
Le Blanc
Les vélos Dilecta sont beaux, et leur histoire de plus, pendant la Seconde Guerre surtout, ressemble à celle, tragique, de l’Histoire de France.
Albert Chichery créa l’entreprise Dilecta de fabrication de vélos et de motos en 1913 au Blanc dans l’Indre. Chichery dut sa fortune à la Première Guerre mondiale; son entreprise fut transformée en fabrique de gaines d’obus.
Homme politique, radical socialiste, député de l’Indre et ministre du commerce, il vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, et fut assassiné par un commando en août 1944.
Les circonstances de sa mort n’ont jamais été élucidées.
Un passionné d’histoire locale, Patrick Grosjean, a adressé à l’encyclo les infos suivantes sur l’usine Dilecta du Blanc:
“La firme Dilecta (“la préférée” en latin) fut fondée en 1913 par Albert Chichery, fils d’un boucher blancois. C’était l’âge d’or du vélo. Dès la première année, mille exemplaires furent fabriqués. La Première Guerre mondiale s’avéra être une “chance” pour Dilecta transformée en unité de production de gaines d’obus sur demande gouvernementale. L’atelier blancois de la rue des Gaudières s’avérant insuffisant, il fallut le transférer au moulin. L’usine tournait alors à plein régime, jour et nuit. Ainsi l’entreprise connut-elle une expansion foudroyante, à tel point qu’elle put emménager dans des locaux neufs en 1917. Située en face de la gare et capable d’accueillir plus de 250 ouvriers, cette nouvelle usine fut réalisée dans la perspective d’une reprise de l’activité “cycles”. De fait, le dernier obus fut tourné en décembre 1918.
Le coup de génie fut alors la création d’une équipe de coureurs professionnels qui, par ses victoires, ne tarda pas à assurer une publicité et un essor exceptionnels à la firme. L’usine se mit à produire plus de 15.000 vélos par an. Elle pratiqua également une politique de rachat de marques : J.B. Louvet, le secteur cycles de Dion-Bouton, etc. Un atelier spécialisé dans les tandems et vélos de course fut installé à Tours.
En 1936, année des records, l’usine produisit 25.000 vélos : l’une des premières marques françaises quant au chiffre de production !
L’expansion de l’entreprise avait beaucoup dû à son fondateur qui, lancé en politique, avait fait une fulgurante carrière : conseiller général, député, président du groupe radical et radical-socialiste à l’assemblée nationale, ministre du dernier gouvernement Reynaud, puis, erreur fatale, du premier gouvernement Pétain…
En dépit de l’exécution d’Albert Chichery en août 1944 par des résistants, les activités reprirent après-guerre. L’usine employait encore 75 personnes en 1950. Mais l’invention du cyclomoteur engendra une crise sans précédent pour l’industrie du vélo : de 50 à 57, la production de Dilecta passa de 21.000 à 8.000 unités. L’entreprise se mit à fabriquer des cyclomoteurs.
Cependant, ne pouvant résister à la concurrence, elle dut fermer ses portes en 1968. Les ateliers ont été démolis en 2001 pour céder la place à l’annexe “bricolage et jardinerie” d’un supermarché.”
Cette entreprise a produit des vélos mais aussi des motos. Elle sponsorisa une équipe de course de la fin des années 20 aux années 50. La marque gagna de nombreux titres de champions de France, de Tours des Flandres ou de Bordeaux-Paris, Paris-Le Havre, Paris-Roubaix, Championnat de France etc.
Chichery rachètera ensuite les marques De Dion Bouton et J. B. Louvet.
Dilecta en latin signifie “chérie, adorée”, et son emblème représente une étoile avec un visage féminin sur un fond bleu, blanc et rouge.
Info complémentaire, liée à une des photos ci-dessous, le vélodrome du Blanc a accueilli pendant des décennies des criterium de fin de tour, des coureurs tels que Bartali, Coppi, Bobet, Anquetil, Poulidor, Merckx et Fignon, l’ont parcouru.
Une partie importante de l’iconographie nous a été transmise par l’association des Amis du Blanc et de sa région, présidée par Jean-Claude Durandeau.
velosvintage.over-blog.com/article-velo-dilecta-wolber-1954-49753047